FAMILY - MUSIC IN A DOLL'S HOUSE : 1968 (Pressage UK - Reissue 1971)
Les Précurseurs du Rock Progressif
MUSIC IN A DOLL’S HOUSE est le 1er album de FAMILY.
FAMILY s’est formé en 66 à Leicester grâce à la collaboration de Roger CHAPMAN, Charlie WHITNEY et Rick GRECH, ce dernier rejoindra plus tard le groupe TRAFFIC.
Le groupe s’appelle initialement THE FARINAS mais après l’intégration de CHAPMAN en 66, KIM FOWLEY, le célèbre découvreur de talent, leur conseille le nom THE FAMILY, en rapport avec leurs costumes qu’ils portent et qui rappellent ceux de la Mafia.
L’arrivée de CHAPMAN est déterminante pour la musique du groupe. Ils abandonnent en effet les reprises Rock ‘n Blues et se concentrent sur leurs propres compositions beaucoup plus avant-gardistes.
Arrivés à Londres en 67, le groupe donne alors des concerts dans les boites « underground » de Londres comme l’UFO ou la ROUNDHOUSE et le public se presse alors pour voir Chapman chanter avec son étonnante agressivité.
Mais le véritable envol de FAMILY a lieu après la sortie, en juillet 68, de ce fabuleux 1er album et sa participation à toute cette série de concerts donnés à HYDE PARK entre 68 et 69, aux côtés de grands de l’époque comme JETHRO TULL, TEN YEARS AFTER, FLEETWOOD MAC ou FAIRPORT CONVENTION.
C’est là qu’il se confectionne son public.
On peut penser, à l’écoute de cet album, que FAMILY est l’inventeur du ROCK PROGRESSIF anglais, avec PROCOL HARUM qui cette même année sort son magistral SHINE ON BRIGHTLY. KING CRIMSON embrayera le pas un an plus tard avec la sortie d’ IN THE COURT OF THE CRIMSON KING.
MUSIC IN A DOLL’S HOUSE sort mi-juillet 68. Tout sur cet album fait penser au progressif : les sons, les instruments comme le mellotron, le violoncelle ou la flûte, même des cuivres, les mélodies inspirées de la musique classique et symphonique sans oublier l’incorporation de passages rappelant les comptines enfantines.
Et puis, il y a cette voix, celle de Roger CHAPMAN, qui ressemble à s’y méprendre sur les premiers morceaux de l’album à celle de Peter GABRIEL.
A chaque fois que j’écoute ce disque, je me demande comment ont-ils fait pour trouver des sons pareils ? Leur musique semble indescriptible et la multitude des instruments joués s’enchevêtre tellement bien que l’on en reste pantois.
Aucun clavier n’est mentionné sur la pochette et pourtant ils sont nombreux, dont ce fameux mellotron qui donne la chair de poule dès qu’il est utilisé. On peut penser que Dave MASON, producteur de l’album, joue les parties de mellotron.
L’album débute avec 2 titres révolutionnaires, THE CHASE et le superbe MELLOWING GREY. On n’a jamais entendu jusqu’à ce disque, une musique aussi riche et inventive.
Les passages de mellotron sur MELLOWING GREY sont d’une profondeur impressionnante, de même que le violoncelle sur le morceau ME MY FRIEND, et sa mélodie, envoûtante et splendide, ne peuvent laisser quiconque insensible.
HEY MR. POLICEMAN qui débute la face 2 est un titre lent, tantôt Jazzy, tantôt Bluesy, dominé par les sax de CHAPMA N et Jim KING. John WHITNEY en profite pour placer un solo de guitare lumineux d’une beauté confondante.
SEE THROUGH THE WINDOWS est à nouveau envahi par ce mellotron obsessionnel.
S’enchaîne alors un collage de 4 morceaux s’étalant sur presque 10 minutes et constituant le sommet de l’album. Tout commence par une reprise instrumentale de ME MY FRIEND qui donne le ton à ce qui va suivre. Je ne sais pas définir quel instrument est utilisé sur le début de PEACE OF MIND mais c’est magnifique. Le son est caverneux plein de reverb et la mélodie sur fond de marche militaire est totalement inédite. On enchaîne sans interruption sur le mellotron qui domine à nouveau VOYAGE de même qu’un déluge de guitare Fuzz et de sax déferle à la fin de THE BREEZE le tout formant une mini symphonie imparable.
On termine avec 3xTIME qui semble sorti tout droit du DOUBLE BLANC des BEATLES paru également cette année-là.
Vous l’aurez compris : MUSIC IN A DOLL’S HOUSE est un chef d’œuvre intemporel et ce disque n’a pas pris une ride depuis sa sortie en 1968.
Leur 2ème album FAMILY ENTERTAINMENT sort en 69 et contient leur plus grand succès, WEAVER’S ANSWER.
Hélas, après une tournée catastrophique aux USA, le groupe se contente alors de l’Europe, et paradoxalement s’éloigne du mouvement progressif, dont il est pourtant un des précurseurs.
Leurs albums suivants sont malgré cela encore très bons. Parmi eux, on retiendra surtout A SONG FOR ME et FEARLESS. Mais ils rechutent durement avec le très terne BANDSTAND.
Le groupe se sépare en 74 après un dernier album médiocre et inutile : IT’S ONLY A MOVIE.
CHAPMAN et WHITNEY créent ensuite STREETWALKERS, groupe bizarre, abordant un peu les thèmes du Hard Rock, sans véritable ligne de conduite. Mais jamais la musique de Streetwalkers ne rivalisera avec celle de FAMILY.
FAMILY est un groupe méconnu mais qui mérite d’être écouté encore aujourd'hui.
Amateurs de NURSERY CRYME, ne passez pas à côté de cet album fabuleux.