MOTT THE HOOPLE - MOTT : 1973 (Original Hollande)
The DeAr Hunter
MOTT THE HOOPLE est le type même du groupe de Rock Série B qui aurait pu détrôner bien des têtes de série de l’époque, tant ce groupe était talentueux et inspiré.
Ils débutent à la fin des années 60 en Angleterre et leur musique est alors proche de celle du DYLAN de BLONDE ON BLONDE. Il faut dire que leur leader et chanteur, Ian HUNTER, est un adepte inconsidéré du grand Bob.
Après 4 albums très convaincants, ils reçoivent un coup de pousse salvateur pour l’enregistrement de leur fantastique 5ème album, sorti en 72, ALL THE YOUNG DUDES, par le biais de David BOWIE en personne.
C’est en effet BOWIE qui leur compose la chanson titre, ALL THE YOUNG DUDES, qui obtient un grand succès. Le groupe quitte alors sa maison de disque ISLAND pour COLUMBIA et c’est Tony DE FRIES qui produit l’album.
Le succès retentissant de ALL THE YOUNG DUDES leur permet enfin de se faire connaître aux USA fin 72, lors d’une tournée mémorable, à l’approche de Noël, magnifiquement racontée par Ian HUNTER dans son livre intitulé : USA 72 : A TRAVERS L’AMERIQUE AVEC MOTT THE HOOPLE.
Ce livre est un petit bijou, dans lequel on découvre au quotidien la vie d’un groupe anglais en train de conquérir le territoire US, grâce à des concerts souvent mal organisés, avec un son immonde, mais qui plaisaient tant aux jeunes américains.
MOTT THE HOOPLE a la chance également de posséder un fantastique guitariste, Mick RALPHS, qui explosera en 74 au sein de BAD COMPANY, groupe qu’il fonde en 1973 avec Paul RODGERS, ex leader du groupe FREE. Le son de sa guitare fait de lui un des plus grands guitaristes des seventies. Pour en juger, il n’y a qu’à écouter son solo sur READY FOR LOVE.
L’album MOTT, chroniqué ici, est enregistré début 73 juste après la tournée US pour la promo de ALL THE YOUNG DUDES. A sa sortie en juillet 73, la critique est unanime et le journal ROLLING STONE titre que c’est « le meilleur disque du meilleur groupe de ce début des années 70 ». Lester BANGS, célèbre critique de la revue CREEM adore l’album et clame que c’est leur meilleur album.
Pourtant, tout n’est pas simple pour MOTT THE HOOPLE au moment de commencer l’ enregistrement de MOTT. Tony DE FRIES, qui doit produire l’album, lâche le groupe au profit de David BOWIE, dont la carrière est en train d’exploser.
Au lieu de se décourager, MOTT THE HOOPLE considère cela comme une opportunité de prouver sa valeur aussi bien au niveau de la production que de la composition.
C’est donc le groupe seul qui produit l’album, malgré l’avis défavorable de COLUMBIA.
Le résultat est étonnant. Le son de l’album est totalement destructeur et correspond exactement à la musique du groupe. La guitare et la voix sont saisissantes. J’ai rarement entendu sonner une guitare comme ça. Un vrai régal.
Les compositions sont toutes signées par Ian HUNTER, aidé sur quelques titres par Mick RALPHS ou Verden ALLEN, et sont excellentes, à commencer par le tube ALL THE WAY FROM MEMPHIS, qui raconte leur récent périple aux USA. C’est un rock endiablé avec des tonnes de guitares saturées et le sax déjanté d’Andy Mc KAY venu directement de ROXY MUSIC donner un coup de main. WHIZZ KID est le genre type de rock à la MOTT THE HOOPLE avec un riff basique mais terriblement efficace. HYMN FOR THE DUDES est splendide avec cet intro au piano Rachmaninov, ce refrain poignant et cette fin en apothéose avec le solo de Mick RALPHS.
La face 1 se termine avec le hit HONALOOCHIE BOOGIE, un rock glam qui semble être le morceau le plus faible de l’album. Par contre le venimeux VIOLENCE avec une intro similaire à WHIZZ KID et un violon qui sonne désaccordé est un titre très aventureux et fort réussi.
La face 2 débute par un des meilleurs titres du disque, le Stonien DRIVIN’ SISTER sur lequel le son devient dantesque et encore meilleur que sur la face 1. Du très grand travail de production !
BALLAD OF MOOT THE HOOPLE est un hommage appuyé à leurs fans de toujours.
I’M A CADILLAC est le plus long morceau de l’album, et Mick RALPHS en profite pour chanter ce titre et nous délivrer un long chorus final du meilleur effet, d’abord acoustique puis pour finir électrique. Le disque se conclut sur I WISH I WAS YOUR MOTHER, une ballade Dylanienne jouée comme une sérénade italienne sur fond de mandoline. Magnifique.
Malgré ce disque magistral, MOTT THE HOOPLE ne connaît pas le succès qu’il mérite. Leurs concerts sont pourtant particulièrement brillants et se terminent toujours par une reprise furieuse du HONKY TONK WOMEN des Stones. Ils jouent également une remarquable version très rock de SWEET JANE de Lou REED, dominée par la guitare de Mick RALPHS, toujours excellent.
Les départs de Verden ALLEN puis surtout celui de Mick RALPHS ont sans doute porté un coup fatal à MOTT THE HOOPLE au moment même où leur carrière semblait décoller.
La pochette de MOTT est également très réussie, surtout pour les heureux possesseurs du pressage UK, pour lequel la pochette était gatefold et die-cutée sur le recto.
Celle du pressage HOLLANDE présentée ici n’est pas gatefold et n’a pas le die-cut.
La pochette US est quant à elle différente et particulièrement hideuse et présente juste une photo du groupe.